lucdelil a écrit :Source of the post merci d'avoir "uppé" Namtok. J'ai adoré ce beau récit maritime
j'attends la suite Nico
Tonton Nico, la suite:
Nous voici donc arrivés aux iles Marquises après un périple d’une semaine longeant le bord Est des Tuamotu.
Avant de mouiller dans la baie des vierges, nous pouvions voir les troupeaux de chèvres accrochés aux falaises.
En tant que recruteur exotique missionné par le LOSC, me vint une idée. Pourquoi ne pas embarquer quelques espèces de ces ongulés à bord afin de financer mon voyage en les refourguant au sieur Gervais ? idée diabolique s’il en est ! encore fallait-il les capturer !
Flash-back Tarantinien :
Lors de la traversée du Pacifique, nous mîmes 65 jours au lieu des 45 prévus. Surement les prémices du réchauffement climatique actuel.
Un Gardian de la Marine Nationale vint à nous survoler en rase motte (mottes que nous n'avions plus vu depuis un bail !) aux abords des Gambiers. Ses variations de régimes moteurs et ses mouvements d’ailes de droite à gauche nous signifiait leurs intentions d’entrer en communication avec nous. La surprenance (Ségolène Royal inside) passée après tant de solitude, nous entrâmes en communication VHF avec eux. Ils étaient à la recherche d’un voilier sans nouvelles. Nous leurs répondions que nous n’avions vu peaux de balle depuis les Galapagos. Ils s’éloignèrent.
Tout ce que nous avons vu en approche des Gambiers fut des bancs de thon de plus de 2 mètres sautillant (c’est un euphémisme) au-dessus de l’eau. Nous qui n’avions rien pêché depuis le golf de Panama, nous étions prêts pour en mettre un dans notre assiette ! Hélas, toujours rien au bout du leurre de la ligne de traine.
Seules quelques Coryphènes nous avaient accompagné sur l’arrière de notre frêle esquif lors des 10 jours de pétole. Malgré de multiples essais, impossible de les chopper au harpon. Les salopes !
Fin du Flash-back Tarantinien.
Nous voici donc au mouillage dans la baie des vierges aux Marquises aux abords de l’île de Fatu Hiva (Fatu Iva en vrai Marquisiens). A l’origine, les découvreurs l’avaient baptisés « baie des Verges » justifiée par la forme des rochers mais les missionnaires catholiques sont passés ensuite !
Mes visites dans le village d’Hanavave furent un enchantement. Randonnée, volley-ball près de la plage avec les autochtones. Je nouais des relations. Une famille me demandant si je ne pouvais pas réparer leur sound système ! l’ampli était mort et je n’avais pas le matos à bord.
Dans la pièce à côté, le soir, plein de « salamalek » et récitations de machins chrétiens. Ils se faisaient des réunions de prières tous les soirs. Les missionnaires ont bien fait leurs boulots, mélange de chrétienté et de croyances locales. Lobotomisés comme il faut ! ça ne leurs empêches pas d’avoir une frousse bleu des tupapau (fantômes).
Un jour au mouillage, une pirogue de la famille du « sound système » nous aborde en nous expliquant qu’il revenait de chasse. Il nous montra le produit de sa chasse en ouvrant sa glacière : un cochon sauvage découpé tête comprise ! il nous dit, sans sourciller, qu’il avait perdu quelques chiens de sa meute lors du bouzin. Rude gaillard !
C’est là que je lui soumis mon souhait de participer à une partie de pêche avec eux.
Il me dit qu’il toquera au bateau au petit matin.
Le petit matin faisant, voilà que l’on toque le long de la coque. Me voici parti en compagnie de mes nouveaux amis à bord d’une pirogue polynésienne (1 coque , 1 balancier) équipée quand même d’un moteur hors-bord.
La caractéristique des iles Marquises est qu’il n’y a pas de barrière de corail. Nous sommes tout de suite en haute mer. Et si tu as des problèmes : you’re dead !
Je me place au milieu de l’embarcation, direction le large. Je demande leurs techniques de pêche, ils me répondent : cherche les oiseaux !
Ils ont tôt fait d’en repérer même si je ne vois que dalle. En approchant, je vois effectivement un banc d’oiseaux en train de piquer dans les flots à la recherche de leurs pitances.
Branlebas de combat, les lignes de traînes (sans cannes) sont jetées à la baille une à bâbord, l’autre à tribord, une sur l’arrière et la dernière déviée par le balancier.
Direction le banc d’oiseaux moteur à fond. Nous fonçons à travers les volatiles, dès que les leurres atteignent l’attroupement, touches immédiates.
Arrêt de la pirogue, relevé des lignes, bonites etc…
Une ligne nous donne du fil à retordre, la proie sonde et parait de belle taille.
Mon compère enfile des gants pour ne pas trop se taillader les mains avec le nylon.
Et là, à force de tirer dessus côté balancier, la pirogue commence à s’incliner dans l’eau jusqu’à la lisse de la coque ! le balancier est sous l’eau ! gros flipage de race !
Tout le monde se précipite sur le bord opposé pour faire contre poids.
Nous finissons tant bien que mal à amener la bête le long du bord. Il s’agit d’un requin pointe noire de belle taille, environ 1,5 m.
Impossible de l’amener à bord étant encore vivant. Et c’est là que mon compère sort un schlass qui ferait rougir Alfred Hitchcock dans Psychoses.
Il lui plante le couteau dans le cou et cisaille sa tête qui finira par sombrer parmi l’océan.
Il remonte le corps et nous rentrons. Je demande si ils le mangent, ils me répondent que oui.
Rude matinée et gros coup de flip.
L’île de Fatu Hiva est la plus excentrée des Marquises et leurs habitants chassent encore pour subvenir à leurs besoins.
Lors de notre navigation vers l’ile d’Hiva Oa, nous avions péché (enfin) un requin que nous avons proposé aux habitants, personne n’en voulait, ils étaient trop habitués aux poulets congelés venant des « goélettes ». J’ai dû l’attacher à une pierre et le couler au large du port à l’aide de l’annexe !
Notre exploration des Marquises fut magnifique avec la visite de Fatu Hiva, Hiva Oa (recueillement sur la tombe du grand Jacques), Tahuata, Ua Pou et Nuku Hiva avec mouillage dans les différentes baies suivis par des bancs de dauphins jouant devant l’étrave.
En quittant les Marquises à destination des Tuamotu, nous fûmes survolés de nouveau par un gardian qui recherchait des pêcheurs Marquisiens en perdition.
Il me revint alors en mémoire ma partie de pêche périlleuse !
Je dû abandonner l’idée des chèvres par manque de place sur notre frêle esquif de 10 mètres. Gervais allait se débrouiller seul avec les siennes !
Image du Gardian
Une autre fois, je vous raconterai mes traversées du pot au noir.
Bonne nuit les petits