Hors ligneMessageCasim' » mar. 27 févr. 2018 13:43
Bonjour à tous,
Alors, mon devoir de réserve, désolé Lejo, je m'en tape un peu. Aujourd'hui, on parle de la réforme du statut SNCF comme d'une grande avancée...
Ce n'est pas le plus important.
Le plus important, c'est la partie privatisation du transport.
On renvoie Gares et Connexion (donc la partie infrastructure des gares voyageurs) chez Réseau, pour faire payer aux nouveaux entrants que seront les entreprises ferroviaires concurrentes de SNCF Mobilités un droit de passage (comme à Mobilités d'ailleurs, qui paiera aussi cher, voire plus, entre cousins, on aime se faire des "cadeaux").
On privatise Mobilités (ou plutôt on ouvre le capital à des fonds privés), dès lors, plus de notion de service public dans le transport, sauf au niveau du TER, où les régions passeront les conventions avec les EF (Entreprises ferroviaires) qu'elles souhaiteront.
Donc, les lignes peu rentables, ce sera surtout et avant tout au niveau des "grandes lignes", ou Intercités actuellement.
Bien évidemment, je ne parle pas des fameux péages que doivent déjà payer (très cher) les EF actuellement (je rappelle que le Fret ferroviaire, quelles que soient les entreprises, sont largement déficitaires, notamment à cause de cela, puisque Réseau se gave largement pour essayer de compenser la dette et financer la maintenance de l'infrastructure), et que ne manqueront pas de devoir payer les nouveaux entrants pour le voyageur.
Je peux d'ores et déjà vous annoncer des prix plus élevés...
Pourquoi?
C'est mathématique: il y aura un effet d'aubaine de la part des nouveaux entrants, qui voudront faire des prix sur des relations du style Lille-Paris ou autre, sauf que là où un entrant se dira que ça peut être rentable, dès qu'il faudra se partager le gâteau en plusieurs parts, la rentabilité ne sera plus là. Comme pour les bus Macron.
Du coup, hausse des prix parce que trains non rentables par rapport à l'investissement et/ou plantage de certaines entreprises.
Ne vous attendez pas à une baisse des prix, c'est purement illusoire.
Sinon, pour revenir au statut. Le système SS de la SNCF (qui comprend aussi bien la partie prévoyance que retraite) n'est pas bénéficiaire, puisque ce sont les cheminots qui paient les retraites des anciens cheminots (aujourd'hui, ça doit faire 1 actif pour 3 retraités), d'où des cotisations plus élevées.
Après, sur le fantasme des avantages (ou acquis peu importe), il faut y voir une compensation pour des salaires plus faibles...
Cela dit, je pense aujourd'hui que le statut doit être réformé pour une raison simple, sans réforme du statut, plus de SNCF à moyen terme, puisque nous serons bouffés par la concurrence, qui elle même sera bouffée par la concurrence de la route.
Aujourd'hui, mécaniquement, si on prend le Fret, SNCF est 30% plus cher en moyenne, à moins de trouver des solutions innovantes en termes de d'industrialisation des flux, ou en faisant appel à des filiales et sous-traitants (qui au passage sont aussi des concurrents).
En 10 ans, Fret SNCF a perdu 20% de parts de marché, supprimé 50% des postes, pour économiser sur les frais de structure, a optimisé son utilisation des locomotives, des wagons, etc, mais est encore en déficit chaque année, à cause du remboursement de la dette (aujourd'hui, 4 milliards d'€).
Sans cette dette, les comptes seraient à l'équilibre.
Là où il faut réformer le système, c'est pour permettre une meilleur compétitivité de SNCF, mais pas en supprimant les postes à tour de bras.
Parler à un con, c'est comme se masturber avec une râpe à fromage : beaucoup de souffrance pour peu de résultat. Pierre Desproges.