L'article de L'Equipe sur le sujet:
Covid-19 et quarantaine : les clubs de Ligue 1 enverront-ils leurs joueurs en sélection ?
Fin mars, les clubs français pourront ne pas libérer leurs internationaux contraints d'observer un isolement à leur retour de sélection. Mais les joueurs accepteront-ils ?
Antoine Maumon de Longevialle et Arnaud Hermant (avec R.T., E.F., E.M.)
mis à jour le 7 mars 2021 à 09h53
À quoi ressemblera la prochaine trêve internationale ? Comme tout ce qui se fait depuis l'irruption du Covid dans nos vies : à quelque chose de nouveau. Cette trêve est prévue dans quinze jours, du 22 au 31 mars, mais la question agite déjà la plupart des clubs de Ligue 1. Le problème concerne la quarantaine qui pourrait être imposée, à leur retour en France, aux internationaux partis en sélection : la France oblige à une période d'isolement de sept jours les personnes entrant sur son territoire en provenance d'un pays situé en dehors de l'UE.
« Au LOSC, on peut avoir six joueurs absents[pour le match face au Paris-SG, autour du 4 avril], dénombre l'entraîneur nordiste Christophe Galtier. Et si la règle de la septaine ou de la quatorzaine s'applique à leur retour, ce n'est pas seulement le match contre Paris qu'ils vont rater mais aussi le huitière de finale de Coupe de France si on est qualifiés. »
« Si les joueurs partent en sélection sans l'accord du club, il se passe quoi ? »
Christophe Galtier, l'entraîneur de Lille
Depuis samedi, on sait que la question ne concernera pas les joueurs sud-américains. Les matches qualificatifs pour la Coupe du monde de la zone Amérique du Sud prévus au mois de mars ont officiellement été reportés. Ces rencontres devraient se tenir au deuxième semestre 2021 : chaque sélection ajouterait un match à son programme lors de la trêve internationale de septembre, puis un autre lors de celle d'octobre.
Deux options avaient été envisagées pour éviter ces reports : que les rencontres de mars se disputent sans les joueurs évoluant en Europe, mais l'Argentine était le seul pays de la zone favorable à cette hypothèse ; ou qu'ils soient organisés dans une bulle sanitaire située dans un pays neutre (Italie, Qatar, Mexique ou États-Unis), mais l'option n'a pas non plus convaincu.
La question des départs des internationaux évoluant en Ligue 1 se concentrera donc essentiellement sur les Africains et Européens dont les sélections doivent se déplacer en dehors de l'Union européenne, comme les Pays-Bas de Memphis Depay qui se rendent en Turquie (le 24 mars) ou le Portugal d'Anthony Lopes qui jouera en Serbie (le 27 mars).
Bonne nouvelle pour les clubs français : avec le Covid, la FIFA a temporairement assoupli son règlement sur la mise à disposition des internationaux. Celle-ci est facultative si, pour les joueurs concernés, « une quarantaine ou période d'auto-isolement d'au moins cinq jours est obligatoire à compter de l'arrivée sur le lieu du club ou sur le lieu où est censé se disputer le match de l'équipe nationale ». Les clubs de L1 peuvent ainsi retenir leurs joueurs censés partir dans des endroits qui les soumettraient à une quarantaine.
« Mais si le joueur veut y aller ? On ne va pas faire la guerre avec nos joueurs sur la sélection, fait remarquer Galtier. J'en parle beaucoup avec mon président et la direction du club pour savoir quelle est la meilleure décision à prendre. J'ai vu que Klopp (Liverpool) et Solskjaer (Manchester United) avaient pris la décision de ne pas envoyer leurs joueurs en sélection. Chez nous, certains joueurs nous ont dit qu'ils ne partiraient pas en sélection, mais on n'a pas encore fait le tour avec tous. Et si les joueurs partent en sélection sans l'accord du club, il se passe quoi ? Nous manquons de réponses sur certains sujets. On verra, mais c'est un drôle de bordel. »
Des dérogations gouvernementales peu probables
À la Ligue, les clubs n'ont pas encore adopté une position commune. Aucune demande officielle n'a, par ailleurs, été formulée pour décaler la journée qui suivra la trêve internationale. Lille et son président, Olivier Létang, ont demandé si cette option était envisageable. Mais le calendrier est trop serré pour le permettre. Certains clubs espèrent que la Fédération obtiendra du gouvernement des dérogations pour tous les internationaux. Les chances sont faibles.
Le ministère des Sports autorise déjà des dérogations sur la quarantaine, mais elles ne concernent que les grands événements qui se disputent dans l'Hexagone ou les internationaux des différentes équipes de France pour des compétitions impérieuses, telles que des qualifications pour des Championnats du monde ou des matches de Ligue des champions.
Les Bleus n'auront donc pas de quarantaine à respecter à leur retour du Kazakhstan (match le 28 mars) et de Bosnie-Herzégovine (match le 31 mars). La Fédération a aussi obtenu des garanties pour le cas de ses internationaux évoluant à l'étranger. Didier Deschamps ne sera donc pas restreint dans ses choix. Cela pourrait être beaucoup moins vrai pour ses homologues des autres sélections.