https://www.lavoixdunord.fr/1216580/art ... Lxjtfad-nE«Lille me voulait vraiment», souligne Rémy Cabella
Le milieu de terrain offensif est l’une des recrues lilloises de l’été. Son envie de jouer et ses qualités techniques en font l’un des hommes fort de ce début de saison du LOSC.
Par Olivier Fosseux
Publié: 15 Août 2022 à 07h00
LES COULISSES DU TRANSFERT
À quand remontent les premiers contacts ?
« En mars quand je suis revenu en France, on m’a parlé de Lille. Mais sans plus. Il y a eu des petites discussions mais rien de concret. Cet été, j’étais libre. Je me préparais quand on m’a de nouveau parlé de Lille et j’ai donné mon feu vert, car le LOSC fait partie des grands clubs du championnat. Il n’a pas été champion il y a un an et demi pour rien. Normalement, chaque année, ça joue le haut du tableau. Je connais les joueurs mais pour venir dans le club, ça ne joue pas. Il faut d’abord que le club me désire. J’ai eu le président deux fois au téléphone pour me cerner et me présenter le projet. La troisième fois, il m’a dit : " On te veut " et on a enchaîné sur les discussions. J’ai aimé qu’il me parle sans langue de bois. »
À partir de ce moment-là, on peut dire que Paulo Fonseca vous désirait…
« Je pense. Sinon je ne serais pas là aujourd’hui. Ils ont quand même mis un peu de temps à me faire signer. Quand je suis arrivé ici, juste après ma signature, on a échangé avec M. Fonseca. Je voulais savoir la façon dont il allait me faire jouer. Et ça s’est vu tout de suite sur le premier match contre Auxerre. Ça fait plaisir. Quand tu signes dans un club, que ton entraîneur et ton président te veulent, tu as envie de te donner à 1 000 %. M. Fonseca m’a tout de suite expliqué qu’il me voyait dans l’axe. Je me suis dit que ça allait aller parce que là, on parlait football. Sur un côté, je suis à 70 % de mon potentiel. Au milieu, je peux être à 100-110 %. J’aime aussi sa façon de jouer, nos positionnements sur le terrain et je suis content du niveau de l’équipe. Je me dis que je peux encore progresser avec elle. »
En France, l’âge est un sujet tabou quand la barre des trente ans a été franchie…
« Moins maintenant je trouve. Ça a changé avec les Ronaldo, Messi, Benzema ou Modric. Les clubs cherchent des jeunes, c’est vrai, mais c’est plus pour le business que le football. C’est dommage. Les clubs devraient plus chercher des joueurs de qualité pour gagner des matchs que gagner de l’argent. Chacun a son projet. Je me sens bien. Si on se prépare bien, que la santé est là, on ne parle plus d’âge. Qu’on ait 18, 20, ou 35 ans, c’est le meilleur qui jouera. »
D’autres clubs que Lille vous ont sollicité ?
« À l’étranger, j’ai eu des offres concrètes mais je n’ai pas cherché à comprendre. En France, il y a eu quelques discussions mais Lille me voulait vraiment et a tout fait pour que ça se fasse. Je voulais un bon club en Ligue 1 où je peux me plaire, trouver du plaisir et gagner. J’espère que je ne me suis pas trompé. »
SA RELATION AVEC PAULO FONSECA
Est-ce que Paulo Fonseca vous fait penser à Oscar Garcia, qui vous a entraîné à Saint-Étienne ?
« C’est effectivement quelqu’un que j’avais apprécié. C’est un coach espagnol qui cherche le jeu. Quand tu as le ballon, tu cherches à le ressortir proprement, et de mettre du rythme. C’est ça le football et c’est ce que je retrouve. Quand tu as de bons joueurs il faut les exploiter à 100 %. C’est mon football. »
Ça s’est vu avec votre match officiel contre Auxerre (l’entretien a été réalisé avant le déplacement à Nantes) ?
« Il y a le scénario du match car on marque au bout de 36 secondes, ça veut dire que l’on répond présent. On s’était bien préparés. On a un groupe de qualité. On a mis les bons ingrédients. On a peut-être eu un coup de mou en seconde période mais ça arrive. On n’a rien lâché. »
Votre passe à l’aveugle a marqué les esprits…
« (il sourit) Je l’ai faite efficacement. Parfois à l’entraînement, je la tente pour rigoler. Mais en match, je le fais si ça amène quelque chose. Si on m’apprécie c’est aussi pour ces gestes-là. À moi de les faire intelligemment. Tant que l’on tente et que ça marche... Sur celle-là, Tiago (Djalo) a récupéré la balle et ça aurait pu déclencher une action ou un penalty. »
SON EXPÉRIENCE A KRASNODAR
Comment s’est déroulée votre résiliation de contrat avec Krasnodar ?
« On est fin février en stage à Marbella. Comme c’est l’hiver, on prépare la saison. Avant de repartir en Russie, j’ai demandé l’autorisation de passer quelques jours en famille en Corse et soigner une petite blessure. Pendant mon séjour, les Russes envahissent l’Ukraine et cela décale mon retour. L’aéroport de Krasnodar (ville qui se trouve dans le sud) était fermé. Tout se complique et on s’est rapidement mis d’accord pour résilier. J’étais en fin de contrat en juin et ça les arrangeait aussi. C’est dommage car j’aurais aimé dire au revoir sur un terrain. »
Que retenez-vous de cette expérience ?
« Avec Saint-Étienne, même si c’est différent, c’est l’une des plus belles expériences de ma vie. À Krasnodar, il y avait tout pour réussir. Le stade, les infrastructures, le climat. On jouait dans le nouveau stade (le LOSC avait joué à Krasnodar mais dans l’autre stade de la ville, en Ligue Europa). Il y avait des traducteurs tout le temps. Le propriétaire prenait toujours de nos nouvelles. C’était très familial, on avait une belle équipe. On a joué pour la première fois la Ligue des champions. Je me suis régalé. Le championnat russe est un peu différent de la Ligue 1, plus défensif, un peu moins technique et rapide. Il y a de très bonnes équipes. »
En Russie, vous avez côtoyé l’ancien Lillois Junior Alonso. Comment va-t-il ?
« Je l’ai croisé simplement un mois, en janvier. On a eu le stage à Marbella. Et ensuite il a résilié aussi son contrat. Il avait un petit truc. Pour moi, il allait jouer. Mais il n’a pas eu le temps de le faire. »
LE RETOUR A MONTPELLIER
Au moins, ça vous a permis de retrouver Montpellier, le club avec qui vous avez remporté le titre de 2012…
« Comme je m’entends bien avec Laurent Nicollin, il m’a autorisé à faire mes soins dans le club. Ça m’a donné envie de rejouer, de retoucher la balle, de retrouver le rythme. Je n’avais pas joué depuis novembre et ça commençait à faire beaucoup. Je pensais au futur. Des heures en salle de sport, ça ne se remplace pas une heure en match. Donc, on a échangé avec Laurent et le coach était d’accord. Ce fut un peu comme un retour aux sources. J’étais content personnellement de rejouer même si on n’a pas eu les résultats. Le club était sauvé. »
Vous souvenez-nous de cette 37e journée en mai 2012 contre le LOSC qui vous emmène quasiment vers le titre…
« C’était sympa de retrouver les anciens joueurs lors des festivités pour le dixième anniversaire de ce titre. C’était un grand moment. Je me rappelle très bien de ce match car c’est la plus grande émotion de ma carrière. On marque à la 94e et on est assurés d’être en Ligue des champions. Le stade était plein à craquer, il y a 30 000 personnes sur la place, et ce but qui emporte tout. C’était magique. Rudi Garcia avait fait rentrer des attaquants pour gagner et on place un contre. »
LE « CABELLA TOUR »
Les matchs qui arrivent vont être un peu spéciaux pour vous avec Ajaccio, Montpellier, Marseille. Commençons par la Corse…
« Ajaccio, c’est particulier, parce que c’est chez moi. À trois ans, je portais le maillot de l’ACA et là, ils viennent de monter. J’ai quelques amis dans l’équipe. Et pas besoin de me solliciter pour les invitations, je vais toutes les prendre même si Benjamin André est intéressé aussi (il éclate de rire). On va faire moitié-moitié. Ma vie est à Ajaccio. Dès que je peux, je rentre. Ça fait toujours du bien d’être chez soi. C’est une énergie en plus. Je suis très heureux que l’ACA soit remontée. J’espère qu’elle va se maintenir et que d’autres clubs de l’île vont les suivre. Je suis fier d’être corse. Et il faut se battre pour que le football corse ne meure pas et reste au haut niveau. »
Ensuite ce sera la Mosson…
« Là aussi ça va être très particulier. Aujourd’hui j’ai le maillot de Lille sur les épaules et il n’y a aucune ambiguïté. Forcément, on va en parler avant, et je vais retrouver des joueurs avec lesquels je m’entraînais il y a quelques mois. »
Que retenez-vous de votre passage à Marseille ?« Quand on est gamins, on va une fois au Vélodrome et on se dit qu’on a envie de jouer dans ce stade. C’est ce que j’ai pu réaliser quand j’ai signé à Marseille. Les résultats n’étaient pas toujours là mais je suis content d’y avoir joué. Ça va dépendre du contexte car si on a gagné trois ou quatre matchs et que l’on arrive solides, ça va être encore plus beau. L’ambiance sera exceptionnelle. Avant un match, je sais mettre mes émotions de côté. »
D’abord il y a le PSG dimanche…« C’est toujours spécial de jouer Paris. C’est la plus grosse équipe en Ligue 1, on ne va pas se mentir. Sur un match, tout est possible avec les armes que l’on possède. Je connais bien Christophe (Galtier), j’avais failli signer à Saint-Étienne quand il y entraînait. Je suis content qu’un coach français soit à la tête de Paris. C’est un bon entraîneur, il a montré ses qualités. Paris ne l’a pas pris par hasard. »
"Yusuf est de retour. Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la Création."