Marshall Munetsi (milieu de terrain de Reims) : « On fait quoi de notre argent ? »
Récemment nommé au conseil mondial des joueurs, dépendant de la FIFPro, le milieu rémois Marshall Munetsi s'illustre par son engagement éducatif et social au Zimbabwe.
Cyril Olivès-Berthet, à Reims (Marne)
mis à jour le 4 mars 2023 à 18h39
Depuis 2019 au Zimbabwe, 60 enfants sont entièrement pris en charge par la « Fondation Marshall Munetsi ». « J'aimerais changer le nom de l'organisation car je ne suis pas là pour me mettre en avant, explique le Rémois. À terme, cela doit exister sans moi ! »
À 26 ans, le milieu international zimbabwéen, auteur de cinq buts cette saison, dont deux lors de ses deux derniers matches, consacre de 5 à 10 % de son salaire annuel brut (estimé à 720 000 €) à ce projet. Sa nomination récente au Conseil mondial des joueurs, qui dépend de la Fifpro, le syndicat mondial des joueurs, doit l'aider.
« Quand avez-vous pu monter votre fondation ?
Lorsque j'ai signé à Reims. Je voulais le faire depuis longtemps, mais je n'avais pas un salaire assez important en Afrique du Sud (où il évoluait avant) pour subvenir aux besoins de mes proches et me lancer dans une telle aventure. Ce qu'il faut savoir, c'est que l'école est payante chez nous. Si tu es orphelin, ce qui est malheureusement trop souvent le cas, tu ne peux pas payer. Les jeunes tombent dans la drogue, le crime. Les jeunes filles sont mariées de force, victimes d'abus. Ma cousine a été violée et infectée par le sida à 8 ans et en est morte dix ans plus tard. J'ai vécu tout ça en étant enfant et je veux tout faire pour stopper cette violence. Je veux changer ça, comme le fait l'Unicef dans mon pays. Mais j'aimerais que le gouvernement s'en charge aussi...
En quoi consiste votre projet ?
Avec mon ami d'enfance Wayne, on a cherché comment donner du pouvoir et de l'espoir aux jeunes. On veut qu'ils soient indépendants financièrement, surtout les orphelins, qu'ils puissent choisir leur voie. Mes parents n'avaient pas beaucoup d'argent, mon père était policier, mais ils ont payé pour me mettre dans une bonne école. C'est capital car, sans éducation, tu ne peux pas avoir un bon boulot, payer tes impôts, faire les démarches administratives, ni comprendre ce que font les politiques pour qui tu votes. C'est encore plus important pour la condition féminine. J'aimerais construire des logements pour protéger ceux qui sont victimes d'abus. Ce sera la deuxième partie de mon projet. On cherche des sponsors car, à deux, on ne peut pas gérer cela. Il y a notamment une entreprise locale de maroquinerie qui va nous suivre. J'espère qu'après les élections (la présidentielle aura lieu cet été), d'autres s'engageront et qu'on sera capables de lancer ce projet.
Combien cela coûte-t-il chaque année ?
C'est difficile à dire car l'inflation est galopante au Zimbabwe. Pour les enfants, il y a les frais d'inscription à l'école. Cela coûte 6 000€ annuels pour les soixante enfants. Mais cela ne comprend pas les fournitures scolaires que nous achetons, ni la cantine et les vêtements. Concernant les équipements sportifs, j'ai pu bénéficier des conseils de mon agence (Wasserman), qui a négocié avec Adidas pour une dotation spéciale. Les petits ne font pas que du foot et je veux vraiment qu'ils puissent choisir le sport qui les épanouira. Maintenant, j'aimerais pouvoir aussi payer un psychologue à l'école car ces enfants ont besoin de soutien pour libérer leur parole.
Comment avez-vous sélectionné les bénéficiaires ? Quel retour avez-vous de leur part ?
Nous travaillons avec mon ancienne école de Mabvuku et avec celle de Donnybrook, qui se trouvent à Harare. Nous avons contacté les directeurs pour identifier ceux qui ont des problèmes familiaux, ceux qui n'ont pas d'argent. Ils ont tous 14 ou 15 ans. Les professeurs, dont certains m'ont eu enfant, m'envoient leurs bulletins de notes à chaque trimestre. Je vais les voir une fois par an, l'été. Depuis que la sélection zimbabwéenne est suspendue, j'ai aussi un peu plus de temps pour m'occuper d'eux lors des trêves internationales.
Munetsi en bref
26 ans - 1,87m ; 83 kg - Milieu de terrain de Reims
2019 : arrivé libre à Reims en provenance du club sud-africain des Orlando Pirates, Marshall Munetsi lance la fondation pour venir en aide à des enfants zimbabwéens dans le besoin.
2023 : le 11 janvier, la Fifpro annonce que Marshall Munetsi a été nommé comme membre du Conseil mondial des joueurs.
L'interdiction qui frappe votre sélection depuis presque deux ans vous a-t-elle motivé à postuler au Conseil mondial des joueurs de la FIFPro ?
En Afrique, la politique s'immisce partout. Or, l'ingérence est interdite par la FIFA. Cette suspension est terrible pour notre jeunesse, qui n'a plus l'opportunité de progresser au niveau international. On est en train de perdre toute une génération de footballeurs. Mon second combat est de protéger les jeunes joueurs contre les faux agents. Ils font miroiter des choses, prennent de l'argent aux familles et piègent les joueurs. Il faut sensibiliser les autorités, forcer les agents locaux à avoir une licence et à s'enregistrer auprès de la Fédération. Le Conseil mondial des joueurs représente une super opportunité pour aider les jeunes.
Pourquoi êtes-vous aussi sensible à l'intérêt d'autrui ?
J'ai grandi comme ça, dans un environnement où tout le monde s'entraide. Moi, on m'a aidé : ma famille, des amis ou même des étrangers. Alors, il est important de faire la même chose, de poursuivre leur oeuvre. C'est aussi quelque chose de religieux : il faut donner aux autres, aider son prochain. J'ai grandi dans une famille pieuse, chrétienne, adventiste du 7e jour. En tant qu'aîné, on m'a toujours éduqué dans l'humilité et le fait de ne pas oublier d'où on vient.
Arrivez-vous à sensibiliser vos équipiers ?
C'est compliqué, même si, récemment, Predrag Rajkovic (ex-gardien de Reims, aujourd'hui à Majorque) a lu un article sur mon projet et m'a donné deux cartons de vêtements. D'autres ont aidé, comme Valon Berisha (prêté à Melbourne City). En Europe, beaucoup ne se rendent pas compte de la situation en Afrique, car les enfants d'ici vont à l'école presque gratuitement, ils ont des chaussures aux pieds, des activités extrascolaires. Mes équipiers africains sont plus réceptifs, comme le Malien Kamory Doumbia, par exemple, qui a fait remarquer récemment à quelqu'un qu'il aurait pu acheter une maison à cinq familles différentes au lieu d'acheter sa montre de luxe. En sélection, Tino Kadewere (Lyon, prêté à Majorque) a lancé sa fondation dans son village, tout comme Marvelous Nakamba (Aston Villa, prêté à Luton, D2 ANG). C'est génial de voir ça, d'en discuter ensemble. Je dis toujours aux joueurs intéressés : ne me donnez pas d'argent mais lancez-vous, donnez à votre communauté, votre village, vous serez encore plus motivés. Regardez ce qu'a fait Sadio Mané au Sénégal (*), il a fondé une véritable ville ! L'argent qu'on gagne, on le mérite. Mais on en fait quoi ? Moi, je veux changer le monde. »
(*) Le Munichois a notamment reçu le prix Socrates, décerné par « France Football », qui récompense l'engagement des joueurs dans des projets sociétaux et caritatifs.
Ça devient rare de voir des personnes comme ça. J’ai connu une voisine qui était médecin et fille unique, divorcée, mère de 3 enfants, qui a donné l’ensemble de son héritage à la mort de ses parents (presque 1 000 000 €, principalement des habitations et terrains) à une association caritative.
Il serait interessant de voir le montant récolté si chaque joueur de ligue 1 donnait 5% de son salaire annuel pour de l’humanitaire.
Il serait interessant de voir le montant récolté si chaque joueur de ligue 1 donnait 5% de son salaire annuel pour de l’humanitaire.
lenormal a écrit :Source of the post Arrivez-vous à sensibiliser certains club de L1 ?
C'est compliqué, un seul club m'a répondu, le RC Lens m'a proposé de revendre ses trophées au gramme chez easy cash, vous comprenez bien qu'à la place j'ai demandé à Ribéry de m'envoyer ses dents en or.
Pas facile :(
Je lui souhaite un transfert en Angleterre. PL ou Championship. Ca ne pourra qu'aider.
A ma mort, Je laisse toute ma fortune (ma coupe de France en carton 2011, un vagin artificiel moulé sur celui de Janice Griffith et mes recueils de poésie de Francis Lalanne) à la chorale de l'église Saint Géraud d'Aspres sur Buech.
Mon père inversait les S avec les V et comme il s'appelait Serge il a beaucoup souffert.
Joli port de pêche.
Parler à un con, c'est comme se masturber avec une râpe à fromage : beaucoup de souffrance pour peu de résultat. Pierre Desproges.
Malébolgia a écrit :Source of the postlenormal a écrit :Source of the post Arrivez-vous à sensibiliser certains club de L1 ?
C'est compliqué, un seul club m'a répondu, le RC Lens m'a proposé de revendre ses trophées au gramme chez easy cash, vous comprenez bien qu'à la place j'ai demandé à Ribéry de m'envoyer ses dents en or.
Pas facile :(
Je lui souhaite un transfert en Angleterre. PL ou Championship. Ca ne pourra qu'aider.
Suite à ta citation gratuite, je crois que je vais t'attaquer avec 10 femmes à Sion :-)
“ Qui veut faire quelque chose trouve toujours un moyen... Qui ne veut rien faire trouve une excuse ”
Malébolgia a écrit :lenormal a écrit :Source of the post Arrivez-vous à sensibiliser certains club de L1 ?
C'est compliqué, un seul club m'a répondu, le RC Lens m'a proposé de revendre ses trophées au gramme chez easy cash, vous comprenez bien qu'à la place j'ai demandé à Ribéry de m'envoyer ses dents en or.
Pas facile :(
Je lui souhaite un transfert en Angleterre. PL ou Championship. Ca ne pourra qu'aider.
Même lui sait que ce ciub minable possède un palmarès ridicule loul
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