A mediter " quand ils ont le pouvoir" les heninois devraient réféchir.
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Villeneuve d'Ascq
REGION
13/05/2017
Le quotidien difficile des journalistes de La Voix du Nord Hénin-Beaumont
PAR LAURENT
DECOTTEregion@lavoixdunord.fr Au lendemain d’une campagne parfois tendue entre le FN et les médias, nous avons jugé utile de vous rendre compte de l’ambiance dans laquelle travaillent les journalistes de La Voix du Nord à Hénin-Beaumont. Entre invectives, intimidation et refus de transmettre des informations au journal et, de fait, aux Héninois.
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Hénin-bEAUMONT.
C’est la dernière en date. L’outrance de trop. Le 7 mai, vers midi, La Voix du Nord rapporte sur son site Internet qu’il y avait moitié moins de journalistes pour couvrir le vote de Marine Le Pen au second tour qu’au premier. Un pur et simple constat sans commentaire. Sauf que s’ensuit un mail de Bruno Bilde, adjoint héninois, adressé à l’auteure de l’article : « Si les journalistes de la Voix du Nord faisaient leur métier (ce qui est beaucoup leur demandé) (sic) (…) ils pourraient expliquer que nous avons exigés (sic) un pool pour les médias étrangers contrairement au premier tour. »
C’est là que Bruno Bilde cingle d’un élégant: «Sur le trottoir? Vous parlez en experte!»
Notre collègue, perplexe : « Pourquoi ? Il fallait aussi une accréditation pour rester sur le trottoir ? Allons… »
C’est là que Bruno Bilde cingle d’un élégant : « Sur le trottoir ? Vous parlez en experte ! »
Il faut avoir la santé et les nerfs bien accrochés pour travailler à La Voix du Nord Hénin. « J’ai été un peu sonnée, et même étonnée. Je me suis dit que là il allait vraiment loin, dans l’insulte. » En même temps pas une première pour le conseiller spécial de Marine Le Pen : l’équipe se souvient de son doigt d’honneur adressé à une autre collègue le jour de la Sainte-Barbe 2015. On raconte cette rencontre fortuite au restaurant, « hors boulot », l’année dernière : « Bruno Bilde nous a pris en photo avec son téléphone avant de nous dire : Bye bye les bébés socialos », raconte Christophe Le Couteux. Le « pacte », la « collusion », les « rencontres secrètes » avec l’opposition, c’est l’un des angles d’attaques complotistes du journal de la ville dont Bruno Bilde est directeur de la publication. Il est très régulièrement question de La Voix du Nord Hénin dans ce mensuel payé avec les impôts des Héninois. En février 2016, il lui est même consacré la « Une » et quatre pages dont un article délicatement titré : « Pascal Wallart, l’anti-Charlie ». Le chef d’édition est la cible préférée de Bruno Bilde, de « La Voie d’Hénin », page Facebook proche de la municipalité qui vise à « réinformer ». Et du maire Steeve Briois lui-même. Mais aucun journaliste n’est épargné. « Il faut être en forme et bien dans sa vie », confie Isabelle Conynck. « Quand tu vas à un conseil municipal, tu n’y vas pas de gaieté de cœur, tu sais que tu vas être pris à partie », poursuit Céline Debette, rebaptisée Céline Bébette (niveau maternelle deuxième année). Elle qui s’est retrouvée au centre d’une vidéo publiée sur « La Voie d’Hénin » où on la voit discuter avec l’opposition, discussion qui se serait naturellement poursuivie lors d’« une soirée privée », d’une « sauterie » à La Voix du Nord. Pur mensonge. Tendance abject.
L’enquête retentissante de La Voix du Nord avant les régionales publiée en novembre 2015 a certes rompu définitivement les liens avec la municipalité, « mais déjà quand ils étaient dans l’opposition, au temps des blogs je me souviens d’infamies. Ça date de là, le fameux Pascal Wallart est au journalisme ce que la pornographie est à l’amour », raconte Anna Morello.
Et puis il y a le quotidien : « On n’est informé de rien, invité à rien », développe Christophe Le Couteux. « Impossible d’avoir un adjoint ou un technicien sur un sujet. Même les réunions de quartier nous sont interdites au motif qu’elles sont réservées aux habitants du quartier. Ils ont inventé le concept de réunion publique privée. » Un refus de répondre quasi systématique mais qui s’accompagne de droits de réponse tout aussi systématiques (36 en un an et demi) et d’injonctions stupéfiantes à justifier le moindre choix éditorial : pourquoi couvrir ça et pas ça, comme si et pas comme cela ? « Ce qu’ils veulent, c’est nous intimider, casser le lien de confiance que l’on a avec la population et nous assécher pour que les habitants soient obligés de passer par leurs canaux de communication. »