28/05/2020
Le patron du Chagnot privé à la fois de son métier et de sa passion du football
Par Mathieu
Thuilliertourcoing@lavoixdunord.fr Plus de deux mois que le café de Franck Deffenain et de son épouse est fermé. «Le 14 mars, j’ai été privé de ma passion, le football, et de mon métier.» Photo archives Ludovic Maillard
Avec la crise sanitaire, c’est la double peine pour Franck Deffenain, supporter du Losc et patron du café le Chagnot, rue de Gand. Le championnat est arrêté et son troquet est fermé. « Dans la vie, il y a des choses plus graves que le foot », relativise toutefois le Tourquennois.
Tourcoing.
Ce samedi, le Losc aurait dû se déplacer à Bordeaux pour la dernière journée de championnat. Le match aurait été diffusé au Chagnot, qui abrite une section de supporters lillois depuis près de dix ans. « C’était au moment de l’entrée du Losc au Grand stade (Pierre-Mauroy, ndlr), se souvient Franck Deffenain, gérant du café et responsable de la section. Il y avait une attente, on a eu tout de suite plus de 80 membres. »
On tape beaucoup sur les supporters, mais le foot sans supporter, ça n’a aucun sens. Franck Deffenain
« Une situation inédite »
Des passionnés qui doivent prendre leur mal en patience depuis l’arrêt de toutes les compétitions, la faute à la pandémie. « On vit une situation inédite et on n’a pas le choix. Avec le recul, on se dit qu’il y a des choses plus graves que le foot dans la vie, comme la santé. Mais c’est vrai que c’est frustrant, d’autant que le Losc faisait une très belle saison et pouvait viser le podium… »
Comme tous les mordus et pour combler le manque, Franck a bien essayé de regarder le championnat d’Allemagne, le seul qui a repris, et son fameux derby de la Ruhr, le 16 mai dernier, joué à huis clos.
« D’habitude je ne quitte pas l’écran des yeux, mais sans public, il n’y a pas de passion. On tape beaucoup sur les supporters, mais quand le stade est vide…, on comprend que le foot sans supporter, ça n’a aucun sens. »
Âgé de 55 ans, Franck Deffenain est supporter des Dogues lillois depuis… 50 ans. « Tout gamin, j’ai connu le stade Henri-Jooris, c’est dire. » Plus de deux mois aussi que son troquet de la rue de Gand est fermé. « Le 14 mars, j’ai été privé de ma passion, le football, et de mon métier. » La double peine en quelque sorte. « C’est dur à vivre quand on travaille tous les jours. »
Ouvert en semaine dès 5 h 30 le matin, « pour les ouvriers, les chauffeurs de taxi… qui viennent boire un café », jusque tard les soirs de matchs, mais aussi le week-end, le Chagnot, c’est la vie de Franck. « On ne fait pas que servir à boire, on crée aussi du lien social. Depuis qu’on est fermé, beaucoup de clients nous passent un coup de fil… » Certains sont devenus des amis.
Pas d’euro, moins de recettes
Et avec l’annulation de l’Euro 2020, Franck Deffenain – également supporter des Bleus – voit aussi de belles recettes s’envoler en juin et juillet. Alors il attend avec impatience les annonces à venir du gouvernement. Pour rouvrir son café le plus vite possible, y revoir les copains, avant de pouvoir retourner au stade quand la crise sanitaire le permettra à nouveau. Parce que « là, ça commence à être long… »