https://www.sofoot.com/articles/droits- ... l-francaisLabrune, clubs, LFP : tous complices, tous fautifs ?
Par Nicolas Kssis-Martov
LE LUNDI 24 JUIN À 06:00
Ces dernières années, la LFP a pris des allures de paquebot naviguant à vue. Un sentiment d’incompétence généralisée, accentué depuis quelques semaines par les négociations liées aux droits TV.
Il est courant de cibler le manque de professionnalisme d’un joueur dès qu’il sort un peu trop en semaine ou ne se dépense pas assez sur le terrain. Mais alors, comment qualifier l’actuelle gestion de la Ligue de football professionnel, surtout dans le cas du dossier ultrasensible (et vital) des droits TV ? Ses principaux dirigeants sont pourtant dotés pour la plupart d’une riche expérience dans le privé et le monde de l’entreprise, où, paraît-il, ne règnent que la compétence et le pragmatisme. Pourquoi souffrent-ils donc tous à ce point d’hallucination collective ?
Des pratiques occultes et de l’argent mal distribué
Il suffit d’ailleurs d’élargir la focale afin de s’en rendre compte. Alors que le pays est divisé comme jamais – dans l’attente d’élections législatives risquant d’amener l’extrême droite au pouvoir –, les sénateurs ont, par exemple, eu droit à une petite récréation en recevant à la file indienne tous les acteurs de cette tragicomédie. L’épisode le plus remarquable s’est ainsi joué lorsque l’élu de l’Isère, Michel Savin, a « révélé » aux représentants du fonds d’investissement luxembourgeois CVC que le président de la LFP, Vincent Labrune, était partiellement rémunéré par la société commerciale de la Ligue. Une société dont il est également le big boss, et dans laquelle CVC possède 13% des parts – à la suite d’un accord pour lequel l’ancien dirigeant de l’OM a été récompensé d’un bonus de 3 millions d’euros (vous suivez ?). Rien d’illégal cela dit, mais le symbole prégnant de pratiques occultes.
les caractéristiques d’un accident industriel qui réduira Mediapro à une banale erreur de jugement. Jusqu’ici, Vincent Labrune a bénéficié d’une indulgence imposée par la gravité de l’heure. Mais il pourrait rapidement servir de bouc émissaire à des présidents de clubs soucieux de se défausser du marasme. Il suffit pourtant de regarder à l’étranger pour mesurer où se situe le problème, en matière de culture capitaliste. Les fameux « quatre grands championnats » ont négocié en ménageant leurs partenaires historiques, tout en ouvrant la porte aux nouveaux arrivants (DAZN). L’esprit affiché par les dirigeants de la LFP donne, chez nous, l’impression d’être vampirisé par le syndrome du gagnant à la loterie. À moins d’exiger une loi obligeant tout contribuable à souscrire un abonnement à leur chaîne, afin de pouvoir continuer à vivre au-dessus de leurs moyens, sans jamais s’interroger sur leur gouvernance…