SPORTS
02/08/2020
C’était « Sir » Alex Dupont, enfant de Dunkerque
PAR FRÉDÉRIC
SOURICEsports@lavoixdunord.fr Alex Dupont revendiquait une fierté: pas de saison blanche de 1990 à 2016 et 715 matchs en L1 et L2 ! Photo Sami BELLOUMI
L’entraîneur est décédé, hier, d’une crise cardiaque, à 66 ans. Joueur de 2 e division, le Nordiste a réalisé une belle carrière de coach. Sa victoire inattendue en Coupe de la Ligue avec Gueugnon et la montée de Brest en L1, où il fut surnommé « Sir Alex », ont marqué une carrière guidée par la passion et l’amour de la vie.
Football
. Flavio Rodrigues est incrédule. L’ex-attaquant de l’USLD a appris quelques heures plus tôt le décès de celui qui a lancé sa carrière à Dunkerque. « Je regarde des vidéos de lui, mais pour moi, il est vivant. J’attendrai l’enterrement pour faire le deuil. On était restés intimes. Il m’avait parlé de son problème au cœur survenu en jouant au padel. Il avait fait tous les examens, tout allait bien. On en rigolait car on est tous les deux hypercondriaques. C’est incompréhensible. Alex, c’est le bon vivant. Il faisait de la moto, de la voiture, jouait encore au tennis-ballon. C’est dur. »
Ah, ce timbre, cette voix un peu rauque. Dans le vestiaire, on l’écoutait. Alex, c’était quelqu’un.
Après une dernière expérience de coach à Brest (2016), le Nordiste vivait entre son domicile de la Turbie, près de Monaco, et une résidence à Saly (Sénégal). Là-bas, il y a quelques années, son voisin s’appelait Bruno Metsu, le magicien de la sélection sénégalaise, lors de la Coupe du monde 2002. Alex Dupont avait découvert l’Afrique grâce à lui. « C’était comme mon frangin. J’étais fils unique. Je suis de la même année que Bruno (1954). On a commencé le foot à Dunkerque ensemble. »
À 18 ans, Alex Dupont n’avait laissé de la place qu’au ballon rond. La décision avait été rapide : il ne reprendrait pas la poissonnerie familiale, à Malo. Alex Dupont ne ferait pourtant pas une grande carrière pro, de Dunkerque à Hazebrouck, mais une blessure, dès 28 ans, l’amena vite à entraîner. « Je me suis découvert », avouait-il, en 2016.
Il développa ses compétences avec les jeunes, à la formation, à Dunkerque, avant de prendre la succession de Smerecki, en 1990. La suite serait surtout belle. Quelques échecs, comme avec l’USLD, mais profusion de jolis moments, avec la folie Gueugnon. Alex Dupont enchaîne en emmenant Sedan en coupe d’Europe. Marseille toque à la porte. « C’est le tournant de ma carrière. J’avais rencontré Dreyfus (président de l’OM) . On était d’accord sur tout. Je venais d’être élu entraîneur de l’année 2000. Il me restait un an de contrat : ça se passait entre Urano (président de Sedan) et Dreyfus. Ils ne se sont pas entendus sur le transfert. »
La vie offre des clins d’œil singuliers. Alex Dupont est parti la nuit suivant la dernière finale de la Coupe de la Ligue, qu’il avait remportée, face au PSG. Et tout près du retour de Dunkerque en L2, 24 ans plus tard. Le Nordiste ne se dérobait jamais devant une nuit de fête au carnaval. Jeune joueur à Hazebrouck, il complétait ses revenus en jouant le DJ, dans les nuits belges. On appelle ça l’appétit pour la vie. Alex Dupont, c’était aussi une voix, reconnaissable entre 100. Flavio Rodrigues sourit. « Ah, ce timbre, cette voix un peu rauque. Dans le vestiaire, on l’écoutait. Alex, c’était quelqu’un. »
Il vaut mieux donner à réfléchir que de chercher à convaincre.