Hors ligneMessagePO » lun. 14 juin 2021 21:17
Quand on revoit le match avec un peu de recul et donc moins dans la tension de l'instant, ce que j'ai fait cet apm étant en congé, il y a clairement 2 matchs. Nul besoin de soupçonner qu'il ait ingurgité quoi que ce soit d'illicite durant le break. Beaucoup trop risqué, vu les contrôles actuels, et puis pourquoi quand on a la boîte à outils tactiques dont Novak dispose ? Par contre, le break lui a sans le moindre doute permis de faire un Reset usine, et de redevenir le Djokovic qu'on connait et détenteur de 18 GC et désormais 19.
Durant les 2 premiers sets, et donc avant la fameuse pause aux vestiaires, c'est un concours de "celui qui a la plus grosse"... Et ce concours Djoko l'a perdu. Tsitsipas frappe très fort, avec de la rotation côté coup droit mais sans trop arrondir ses trajectoires et frappe presque à plat ses revers. Sa taille le rend moins sensible au lift haut de ses adversaires, même sur le revers, contrairement à Federer. La cadence est intense, et le bruit et la vitesse des balles qui sortent de son cordage rappellent les plus belles heures de Del Potro.
Allez savoir pourquoi, orgueil, manque de lucidité, sentiment d'avoir fait le plus dur en sortant Nadal en demi, Djoko s'est laissé prendre au jeu du Grec, à savoir on va voir celui frappe le plus fort le plus longtemps... Clairement, Djoko n'a pas le bras pour rivaliser avec le grec, et il a souvent rompu l'échange en posant de nombreux amortis, qui à défaut d'être toujours gagnants ont commencé leur travail de sape des jambes de Tsitsipas.
Après un 1er set serré, le 2nd voyait le Grec frapper dangereusement de plus en plus fort. Et le regard embué de Djokovic en disait long sur son désarroi. Le dernier jeu, il ne le joue quasiment pas. Se prenant même un ace sur un service qui tombe à 1m du T.
Et puis vient le break. Je ne sais pas s'il a un bouton Reset usine, ni où..., mais toujours est-il que c'est le Novak chiant comme un jour de pluie de Novembre qui revient sur le court. Et même si ma description n'a rien d'engageant, ce qu'il a fait mentalement est absolument remarquable. Ce genre de champion a une telle haine de la défaite, qu'il est prêt à mettre son orgueil de N°1, fraîchement vainqueur du 13 fois titré Nadal à RG, dans le fond de sa poche, et de passer en quelques mn de pause aux "choses sérieuses", quitte à ne pas jouer le tennis le plus flamboyant qui soit. RAB, la gagne d'abord, le brio on verra plus tard.
« Je m’en vais lui faire une ordonnance. Et une sévère ! Je vais lui montrer qui c'est Djokovic . Aux quatre coins de RG qu'on va le retrouver éparpillé le grec, par petits bouts façon puzzle. Moi quand on m'en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile… ». Terminé la cadence rapide et droit devant. Terminé de donner de la matière à Tsitsipas. Terminé de vouloir monter que je frappe aussi que ce grand dadais christique de 22 piges. Show is over !
Ca se joue à pas grand chose, mais Djokovic a clairement repris la doctrine du '"faire jouer un coup en trop à l'adversaire", et qui l'a amené là où il en est, à savoir le meilleur défenseur de tous les temps. Un mur, mieux encore un coffre fort. Mais pas uniquement grâce à un physique extra-ordinaire, sinon le grec aurait terminé le boulot en 3 sets, mais surtout grâce à une intelligence tactique effrayante.
A partir du 4ème jeu du 3 ème set, qui est sans conteste le jeu pivot de ce match, il ne donne plus 2 fois de suite à Tsitispas la même balle, ni en puissance, ni en longueur, ni surtout en angle. Djokovic a décidé d'envoyer Tsitsipas renifler les géraniums de RG. 20% de puissance en moins dans le coups, des trajectoires plus rondes, plus secure, et des angles courts à gogo, et une ribambelle d'amortis pour empêcher le grec de rester trop loin de sa ligne, et faire monter le lactique. Match terminé. A ce jeu-là, il n'y a pas meilleur que Djoko. Il est rentré dans la tête de Tsitsipas, et comme toujours dans ces cas-là, quand la tête vacille, le corps s'effondre.
Good job !