sergent pepper a écrit :Je comprends ce que tu veux dire mais je vois l'humain derrière tout cela. Je vois des personnes qui ne peuvent se projeter sur le long terme dans leurs propres projets avec des embaucheurs qui les utilisent quand bon leur semble. Utiliser l'être humain comme un objet est ce qui me dérange dans cette flexibilité. Pour leur propre épanouissement, la plupart des individus ont besoin de stabilité. Je ne suis pas sur que ce gouvernement proposera quelque chose qui nous assurera une paisibilité (pas sur que ce mot existe) sur le marché de l'emploi. Cette flexibilité conduit les individus à se mettre encore davantage en concurrence les uns avec les autres avec les conséquences que l'on imagine et voit déjà.
Le summum dans tout cela, c'est le code du travail par entreprise. On atteint l'apogée de l'inégalité. Comment peut on imaginer que les salariés pourront avoir leur mot à dire? Comment peut on imaginer un code de route par rue?
Je ne suis pas contre la flexibilité, la difficulté de cette idéologie c'est qu'elle crée un rapport de force inéquitable entre celui qui a le pouvoir d'embaucher et celui souhaite travailler. Certains jouent la survit de leur famille d'autres de leur activité économique. Il y a mieux à faire. Il faut arrêter de confronter la survit d'être humain à la survit d'une activité entrepreneuriale.
L'humain d'abord.
Je comprends aussi ce que tu veux dire SP, mais là, il va falloir que chacun se fasse à l'idée que la notion de stabilité, dont tu énonces que la plupart des individus ont besoin (Sic), est quelque chose qui sera de moins en moins la norme.
Entrer dans une "bonne boîte", y faire toute sa carrière avec une progression régulière, à quelques minutes de chez toi, le tout avec des horaires réguliers et donc planifiables plusieurs semaines à l'avance, c'est encore pour partie du présent, mais ça sera de plus en plus du passé. (Certains me reprocheront de caricaturer, mais on n'en est pas loin).
J'en suis à ma 6ème boîte en 30 ans de carrière. Aujourd'hui, j'ai un job "stable", autrement dit salarié CDI, mais assez loin de chez moi. J'ai pleinement conscience que si ça devait s'arrêter prochainement, et c'est toujours possible sur des jobs à responsabilités, j'aurais probablement beaucoup de mal à en retrouver un autre job du même registre.
Je ne dis pas ça pour "faire genre", vu que j'ai déjà connu 3 périodes de chomdu, 2 courtes et 1 longue, et quand lors de la première je me suis aperçu qu'à 46 ans, les consultants RH en face de moi me disaient que j'étais un "Senior", et me parlaient comme si j'étais un préretraité alors qu'il me restait encore 20 ans de carrière, je me dis que ça n'a pu s'améliorer 8 ans plus tard.
Devant travailler jusque 67 ans comme tous les Bac+5, (Si d'ici là les lois ne rallongent pas encore un peu plus les temps de cotisation), je me dis que forcément la prochaine étape de mon parcours professionnel sera très certainement composite.
Les spécialistes en novlangue ont même donné un nom à ces parcours composites de fin de carrière (Je n'ai plus le nom en tête), au sein desquels on retrouve généralement une base alimentaire apportant un socle salariale + un job plutôt sur un format intérimaire et/ou contractuel + le cas échéant un job "plaisir" souvent très différent de ce qu'on a fait avant.
Perso, je vais très certainement connaître ça d'ici ma retraite dans une 12aine d'années, mais il est clair que mes enfants risquent, ou auront la chance, j'avoue que je ne sais pas, de devoir adopter ce format beaucoup plus précocement.
En soi, ça ne me semble pas si grave que ça, à la condition expresse que tout le "système" considère cette forme de travail comme la nouvelle "norme", et que par conséquent on ne te refuse pas l'ouverture d'un crédit parce que tu vis sur 2 ou 3 jobs partiels évolutifs.