sergent pepper a écrit :ce sera de moins en moins la norme. Je l'entends, j'ai pleinement conscience que d'un point de vu stabilité de l'emploi nous allons par la force vers quelque chose de chaotique. La stabilité va disparaître puisque l'on a donné les clés du camion au marché et que ce marché, quand on le laisse faire, produit essentiellement de la destruction créatrice (qui en soit est une bonne chose pour le développement économique)
Je ne déteste pas les punchlines, mais en l'occurrence, celle-ci est particulièrement onaniste.
Je me permets de te citer un éminent insoumis qui écrivait ceci, un peu plus haut dans ce fil :
sergent Pepper a écrit :enfin, je ne comprends pas pourquoi ce EM ne parle jamais de ce qui crée réellement de l'emploi : remplir les carnets de commande. Parceque simplifier l'emploi sans remplir les carnets de commande c'est donner un coup d'épée dans l'eau
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sergent pepper a écrit :Mais la stabilité des revenus? Qui en parle? C'est cela qui m'intéresse et qui est absent de EM. Je suis prêt, et la gauche aussi, à accepter un marché de l'emploi instable, ou régulièrement, on va à la pèche à l'emploi, on se reconvertit, on se reforme, on crée une boite, on a des périodes sans travail... mais à condition que derrière cette instabilité de l'emploi occupé, j'ai la garantis d'un revenu. Parceque c'est gràce au revenus que je nourris ma famille, que je pratique des loisirs, que je consomme et que je vis.
Si on accepte cette flexibilité de l'emploi sans défendre le droit à un revenu décent quelque soit notre situation, alors on s'expose à une accumulation de personnes ne sachant lutter et ne sachant pas s'adapter. Celles qui s'adaptent le mieux, et qui sont capables de se reconvertir sont souvent celles qui ont fait des études supérieures. Malheureusement, ce n'est pas la majorité.
Quelle est la capacité d'adaptation d'un boulanger de 21 ans? d'un mécanicien de 55 ans? d'un Ouvrier de 41 ans? De quelles ressources ils disposent pour changer de branche, changer de travail et changer de spécialité? Beaucoup en sont difficilement capables, non pas qu'ils soient idiots ou incompétents, mais leur esprit n'a jamais été préparé à cela. On leur demande l'impossible. On leur demande de s'adapter à cette nouvelle organisation du marché du travail sans leur donner les outils pour s'en sortir dignement.
Si on accepte cette flexibilité globale, on se doit d'accepter que certains n'auront pas les capacités (intellectuelles, sociales, environnementales, physiques..) de trouver leur place dans ce monde fait de concurrence. C'est pourquoi, la garantie d'un revenu pour qu'ils vivent dignement s'avère indispensable.
On peut ajouter à cela, une culpabilisation envers les chômeurs, une absence du maintien des revenus, et une stigmatisation envers ces classes difficilement adaptables à l'économie flexible, et alors nous augmenteront les écarts du niveau de vie dans ce pays. Ce n'est pas pour le bien de la nation toute entière.
Je veux bien de la liberté que prône Macron. Mais il faut absolument la sécurité avec, sinon, ça va mal se terminer.
OK, tu nous décris la complexité de l'emploi, la difficulté d'en vivre sereinement, le fait qu'en fonction de son diplôme, niveau de formation, milieu social, nous ne sommes pas tous égaux devant l'emploi. Mais ça a toujours existé depuis que les échanges économiques sont mondialisés !
Tu évoques la notion de Flexisécurité, dont tu te doutes bien que je n'ignore pas qu'elle fasse partie des concepts Macroniens, avec le modèle Danois en guise de cible.
Selon moi, la flexisécurité est un oxymore. Je préférerais qu'on parle de Flexi-opportunité.
Mon père né en 20, qui a commencé sans aucun diplôme comme ouvrier spécialisé après la guerre, et a fini cadre sup dans une grosse boîte, m'expliquait que durant les 30 glorieuses, il quittait une boîte le vendredi , et embauchait dans une autre le lundi, avec une promotion au passage.
Alors je sais très bien que cette période est derrière nous, parce que la mondialisation a rebattu les cartes, mais comme tu l'as très bien expliqué, la flexibilité n'a de sens que si les boîtes ont des raisons d'embaucher, et donc des carnets de commandes garnis.
A partir de là, s'il existait une recette infaillible pour relancer la croissance, sans prendre le moindre risque, ça se saurait... La poule, l'œuf, par où commencer pour relancer la machine ? Certains voteront pour l'œuf, d'autre pour la poule. Chacun ses convictions.