Super analyse de Puel avant le France Belgique.
http://www.liberation.fr/sports/2018/07/08/claude-puel-le-vainqueur-de-france-belgique-sera-l-equipe-qui-aura-le-moins-la-balle_1665012Sur ces quarts de finale, les équipes sont apparues fatiguées, usées. C’est normal, on est en fin de saison et le tournoi se termine. Du coup, elles ont du mal à maintenir leur bloc compact, il y a des erreurs, le jeu est plus ouvert, le ballon va et vient et en conséquence, on voit des buts. Globalement, cette Coupe du monde n’a pas été d’un niveau exceptionnel, mais elle a été rafraîchissante. Les grandes vedettes ont disparu au fil des tours et les favoris (Allemagne, Portugal, Espagne, Argentine, Brésil) sont tombés les uns après les autres. A contrario, il y a eu des rebondissements, beaucoup de buts en fin de match, des renversements. De quoi satisfaire le fan de football.» (Photo AFP)
La possession et le jeu de transition
«En 2014, l’Allemagne était devenue championne du monde avec un jeu offensif marqué par la possession de balle. Ce coup-ci, la Mannschaft, comme l’Espagne, a souffert d’un manque de fraîcheur. Pour jouer l’attaque de façon efficace, pour déstabiliser l’adversaire, il faut jouer dans les intervalles, avec un jeu vertical et donc disposer d’une condition physique optimale. Les Espagnols et les Allemands sont arrivés trop éreintés pour y prétendre. Leur jeu était trop lent, trop latéral, sans ressorts… Le troisième grand prétendant au titre, le Brésil, semblait avoir tous les éléments en main. Il a fait illusion jusqu’au quart contre la Belgique. Je n’ai pas bien compris ce qui est arrivé face aux Diables. Au contraire des deux gros favoris, il y avait de la dynamique dans son jeu, la sensation d’une montée en puissance au fil des matchs et pour finir, un crash. Les Brésiliens ont raté leur première mi-temps, ils défendaient mal et ont pris des buts. Après la pause, c’était mieux mais leur fond de jeu est resté brouillon. Peut-être qu’ils se sont trop reposés sur leurs talents, qu’ils pensaient que leurs individualités feraient la différence au bout du compte. Dans la phase à élimination directe, en Coupe du monde comme en Ligue des champions, vous ratez une mi-temps et vous vous retrouvez dans l’avion du retour.»
Angleterre-Croatie
«Dans cette compétition, l’Angleterre est solide, pragmatique et marque beaucoup de buts sur coups de pied arrêtés, ce qui est souvent le cas en Premier League. C’est une génération qui arrive à maturité. Aux deux extrémités, il y a un joueur qui porte l’équipe : l’avant-centre Harry Kane, très adroit, qui élève sans cesse son niveau de jeu, et le gardien, Jordan Pickford, qui multiplie les prouesses. Le jeu anglais n’est pas fluide ni posé mais ils évoluent en fonction de leurs forces et de leurs… limites. Ils ne consument pas dans un pressing haut et vont vite en contre-attaque où Dele Alli et Raheem Sterling remontent bien le ballon. Leur 3-5-2 varie beaucoup en fonction du score. Ils peuvent jouer en 5-3-2, voire en 5-4-1 avec Kane tout seul devant si les circonstances l’exigent. Harry Maguire [joueur de Claude Puel à Leicester et auteur du premier but anglais contre la Suède en quart, ndlr] ne me surprend pas. Il est dans la droite ligne de sa deuxième partie de saison au club. Il a franchi des paliers, défend de mieux en mieux en un contre un et il est techniquement à l’aise. Il est parfaitement à sa place dans la défense à trois des Anglais. Je ne vois pas les Croates leur poser des problèmes en demi-finale. C’est une sélection complète, bien en place, en confiance mais ils piochent, ils se qualifient au forceps en jouant deux prolongations d’affilée. Ils ont battu les Suisses, puis les Russes qui n’espéraient pas aller aussi loin et qui manquaient de talents. Ça risque d’être le match de trop, vu qu’en plus, ils ne font pas beaucoup tourner.»
France-Uruguay
«Les Bleus ressemblent aux Anglais: une équipe calme, mature, équilibrée. Contre l’Uruguay, ils ont su être combatifs, agressifs et on a vu que privée de Cavani, la Céleste n’avait pas les arguments pour passer. Il y a une forme de logique inexorable dans cette qualification. Même si la France est une des sélections les plus jeunes du tournoi, elle possède des joueurs qui ont pas mal bourlingué (Lloris, Varane, Umtiti, Pogba, Matuidi, Griezmann, Kanté). Les deux jeunes latéraux, Hernandez, Pavard, et Mbappé se sont bien intégrés. Elle est forte sur coups de pied arrêtés, sur les fondamentaux du jeu et elle prend confiance à mesure que le tournoi avance. Ce n’est pas une formation qui impose son jeu, elle a des éclairs et elle excelle dans le jeu de transition.»
France-Belgique
«A mon sens, ce sont les deux meilleures équipes du tournoi. Comme les Bleus, les Diables rouges ont un bon équilibre, un gardien extraordinaire, Thibaut Courtois, et une grosse puissance de feu devant. Quand vous pouvez aligner trois joueurs aux profils si dissemblables que Lukaku, De Bruyne et Hazard [qu’il a fait débuter en pro à Lille en 2007, ndlr], vous êtes dangereux pour tout le monde. Il va falloir être costaud pour les battre. Ce sera un match équilibré, âpre où le vainqueur sera celui qui arrivera à ne pas avoir la balle. Tout se jouera à la récupération, dans la capacité à prendre les espaces et à offrir au plus vite des opportunités aux joueurs mobiles des deux équipes. La France est moins mature mais plus solide défensivement. Tout se jouera peut-être dans la bataille du milieu, dans la propension de certains joueurs à servir de rampe de lancement.»