François Verdenet, à Lille, de L'ÉQUIPE a écrit :« Il peut faire la différence sur un coup d'éclat » : excellent contre la Juventus, Edon Zhegrova est le facteur X de Lille
Grâce à une magnifique inspiration sur le but de Jonathan David, l'ailier droit de Lille, Edon Zhegrova, a illuminé la nouvelle performance des Dogues face à la Juventus Turin, en Ligue des champions mardi (1-1). Le potentiel du Kosovar reste immense s'il trouve la constance.
Les 48 312 spectateurs du stade Pierre-Mauroy se souviendront longtemps de cette 27e minute et du festival Zhegrova face à la Juventus Turin (1-1) comme les supporters lillois vibrent encore en replay aux multiples arabesques de l'icône Hazard au Stadium Nord de Villeneuve d'Ascq. Il y a bien de l'Eden chez cet Edon et de quoi raviver les plus beaux souvenirs des supporters nordistes. En quinze secondes chrono, d'un ballon récupéré à dix mètres de sa surface, le Kosovar a fait tourner les têtes, et plus particulièrement celle du défenseur turinois Juan Cabal, pour envoyer Jonathan David en profondeur vers le but italien.
D'un jeu de corps habile, d'un dribble subtil puis d'un double contact pied droit-pied gauche agile, l'ailier droit a échappé au Colombien pour servir David, auteur de son quatrième but en quatre matches de C1 cette saison. Ce LOSC était tout en transition pour une réalisation qui va marquer les esprits un bon moment. Cette ouverture du score exceptionnelle n'a pas permis aux Dogues de signer le même exploit que face au Real Madrid (1-0, le 2 octobre) pour leur deuxième match de Ligue des champions à domicile.
Mais ce but magnifie encore plus un parcours aussi inespéré qu'exceptionnel à mi-chemin dans cette nouvelle phase de Ligue des champions. Avec le rempart Lucas Chevalier et l'artificier Jonathan David, Edon Zhegrova est le magicien qui ose. L'ambidextre a plus d'un tour de passe-passe dans sa panoplie d'Houdini. Sur ses douze dribbles tentés face aux Italiens, il en a réussi huit et aurait même pu donner la victoire aux Dogues s'il n'avait pas trouvé Michele Di Gregorio à la parade en fin de match (78e, 83e).
Mais si Lille en est là, à sept points dans le nouveau Top 36 européen après avoir affronté le Sporting Portugal (0-2), le Real Madrid (1-0), l'Atlético Madrid (3-1) et la Juventus Turin (1-1), le gamin formé à Pristina y est pour beaucoup. C'est lui qui avait déjà été décisif durant le mois d'août au 3e tour préliminaire, puis en barrages, avec un but face à Fenerbahçe (2-1) et deux contre le Slavia Prague (2-0 ; 1-2). En seize matches depuis le début de saison, il en est à sept buts (dont trois en L1) pour deux passes décisives, toujours pour son complice David.
« Il possède une adresse assez exceptionnelle face au but notamment quand il revient dans l'axe, note Bruno Genesio, l'entraîneur de Lille, qui cherche à gommer son inconstance comme principal défaut. Sa frappe est extraordinaire et précise. Il est adroit et capable d'enchaîner très vite en ouvrant ou en fermant son pied. Il fait partie de ces joueurs qui peuvent faire la différence sur un coup d'éclat. » Si l'international kosovar (40 sélections, 5 buts) peut parfois rater des choses faciles ou être inexistant comme le week-end dernier face à Lyon (1-1), il peut allumer la lumière d'un coup de génie.
Il a en tout cas électrisé la Juventus comme il avait séduit l'AC Milan à 13 ans. Mais le gamin du FC Pristina était sans papiers pour quitter le Kosovo. L'attaquant a ensuite transité par la Belgique (Standard Liège, Saint-Trond, KRC Genk) puis la Suisse et le FC Bâle avant de signer à Lille en janvier 2022 pour 7 M€. À un an et demi de la fin de son contrat, le Lillois de 25 ans aux 102 matches, 25 buts et 18 passes décisives toutes compétitions confondues en vaut, aujourd'hui, trois fois plus.
“ Qui veut faire quelque chose trouve toujours un moyen... Qui ne veut rien faire trouve une excuse ”