Pour Lille, le dangereux souvenir de la saison dernière Tombés à Angers (1-0), les Lillois se traînent en fin de classement. Il y a un an, ils étaient dans la même situation et avaient fini par se relever. L’erreur serait de croire que l’exploit est à nouveau réalisable.Par YANN DUPLOYE, À ANGERS | Publié le 07/11/2016
C’est encore la désolation dans le camp lillois. PHOTO MAX ROSEREAU«Les Lillois ne seront plus à cette place-là à la fin de la saison. Je me souviens que l’an dernier, ils étaient dans la même situation et ils avaient terminé cinquièmes ! » Il n’a pas tort Stéphane Moulin, l’entraîneur angevin. Nous aussi, on s’en souvient. La superbe remontée du LOSC est encore dans tous les esprits. Souvent, depuis le début de la saison, elle a été évoquée. Comme une façon de se rassurer alors que tout va mal.
« On l’a déjà fait, on sait qu’on peut le refaire. » L’idée c’est à peu près ça.
« Chez nous, la percussion ne peut être que collective. On n’a pas de joueurs qui savent éliminer, provoquer »Même Frédéric Antonetti en a parlé avant le déplacement à Angers.
« Quand je suis arrivé, il y a un an, l’équipe avait 14 points après 14 journées. » Pour arriver au même bilan, le LOSC doit prendre quatre points sur les deux prochains matchs (Lyon et Nantes). Alors, oui,
« il faut jouer les matchs avant de les perdre », on a bien entendu l’entraîneur nordiste nous l’expliquer, mais au train où va le LOSC depuis le début de la saison (0,83 point par match), ce n’est pas gagné. Tiens, l’an dernier, puisqu’on en parle souvent, Hervé Renard avait été débarqué avec un rythme d’un point par match…
Rien n’est garanti Alors, s’il vous plaît, lâchez-nous avec la saison dernière ! Ce qu’a réalisé Lille est un bel exploit, mais il appartient au passé. Rien ne garantit qu’il est possible de le réaliser à nouveau. Ce n’est pas parce que l’équipe était dans une situation équivalente – ou à peu près – qu’elle va vivre le même épilogue. Pour plein de raisons.
L’effectif est moins fort La première, c’est l’effectif. Il n’a pas beaucoup évolué ? Amputé de Sofiane Boufal et Djibril Sidibé quand même !
« La différence, c’est que l’an dernier – et ce n’est pas parce que c’est mon chouchou – Lille pouvait compter sur un Boufal souvent décisif », reprend Stéphane Moulin. Tout est dit, et même si Antonetti précise que
« Sofiane avait été mis sur le banc onze fois sur vingt-quatre matchs », il ne peut nier que le déclic est souvent venu de l’ancien Angevin. Ni qu’il ne peut plus compter sur ce genre de joueurs dans son effectif.
« Chez nous, la percussion ne peut être que collective. On n’a pas de joueurs qui savent éliminer, provoquer », reconnaissait-il d’ailleurs samedi soir après la défaite à Angers.
La défense est plus fragile L’autre raison, c’est la solidité défensive qui s’est étiolée. Même s’il reste persuadé du contraire –
« On a pris dix buts en trois matchs (Metz, Monaco, Saint-Étienne), sinon le bilan est plutôt bon » –, l’entraîneur lillois a du mal à nous convaincre. Lille, cette saison, c’est autant de buts encaissés en douze matchs (18) que lors des vingt-quatre premières rencontres dirigées par Antonetti… l’an dernier. Ah, et le LOSC a aussi déjà perdu autant de matchs (8) qu’en 2015-2016. Au fond, trop de choses diffèrent et se dire qu’ils peuvent le refaire est sans doute la meilleure façon de se rater. Allez, on tourne la page. On efface tout et on sauve sa peau. Déjà.
Antonetti, feeling en sommeil En quelques mois, Frédéric Antonetti traverse les tourments habituels de l’entraîneur: génie l’an passé pour avoir redressé l’équipe et l’avoir amenée aux portes de l’Europe, il est aujourd’hui bon à jeter aux orties selon une frange du public, qui a réclamé sa démission samedi soir à Angers. Où est la vérité ? Au milieu, comme souvent. Son expérience et son savoir-faire sont reconnus, avec plus de 500 matchs dirigés en L1.
Quelles sont les variables, alors, qui font la différence d’une saison à l’autre ? L’an passé, il a bénéficié d’une dose de réussite, de la fraîcheur de son discours et d’un effectif plus fort. Cette saison, au contraire, il est plombé par le contexte d’un couac précoce en C3 et un effectif mal fagoté. Actuellement, il est également privé de joueurs qui pourraient amener des solutions (De Préville, Lopes). Dans les deux situations, Antonetti a eu beaucoup d’influence: de l’intuition et les bons mots l’an passé; moins de feeling et des choix qui ne paient pas cette saison. Il vient de perdre d’un but deux rencontres jouées avec le frein à main, et si c’était justifiable face à Paris, quoique décevant, c’est incompréhensible à Angers.
Il n’a pas les joueurs pour faire différemment ? On peut toujours faire différemment. On peut par exemple prendre plus de risques, envoyer un signal différent à ses joueurs, en choisissant un système d’entrée plutôt que d’y recourir quand on est mené, changer quelque chose dans l’approche mentale… Bref, tenter quelque chose, le temps que le feeling revienne. Car soyons clairs : il n’a pas pu s’évaporer.
ANTOINE PLACER
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